Arthur Joffé qui, entre le milieu des années 80 et le début des années 2000, a connu une notoriété certaine avec des films comme «  Harem » ou «  Albert express « , n’a plus rien réalisé depuis plus de dix ans. Aucun de ses projets n’ayant pu aboutir, il réalise, grâce aux nouveaux outils numériques, un film avec très peu de moyens.

Seul maître à bord, il filme, enregistre le son, monte lui-même les images.

Son équipe s’est réduite à une seule personne

Cinéma : le feu sacré
Cinéma : le feu sacré

Par certains côtés le film d’Arthur Joffé, fait penser, dans la démarche et même si les raisons de la frustration du créateur sont différentes, aux films qu’a réalisés clandestinement Jafar Panahi, cinéaste iranien, interdit de cinéma dans son pays : «  Ceci n’est pas un film’ ou «  Taxi Téhéran « .

Ce qui rapproche Jafar Panahi (censuré pour des raisons politiques) et Arthur Joffé (que les producteurs se sont mis à bouder du jour au lendemain) c’est ce même feu sacré qui anime les deux réalisateurs.

D’un bout à l’autre ‘Le feu sacré  » exprime un immense désir de filmer et si Arthur Joffé lui a donné la forme du documentaire, l’émotion n’en est pas pour autant absente comme l’amitié qu’il manifeste

Au cours de cette déambulation très construite malgré le foisonnement des séquences, il filme les gens qu’il aime, les amis fidèles, les lumières, les voyages et ses amours, mêle le passé et le présent

Il y a chez lui, une hâte à capter l’image, un peu comme si le risque pouvait survenir qu’elle vienne subitement à manquer, que la source puisse tarir, qu’elle lui soit tout à coup interdite.

Pourtant, chaque séquence, chaque nouvelle apparition d’un personnage, chaque image du film souvent en rupture narrative avec celle qui précède est d’un soin, d’une précision et par là même d’une force qui cimente l’ensemble.

«  Le feu sacré  » n’est pas un film rafistolé, il est tout le contraire. Ce n’est pas le cri de protestation d’un cinéaste empêché de tourner. Nulle amertume n’est perceptible. Le bonheur de manipuler une caméra est palpable et l’enthousiasme de créer, intact.

Et le résultat final est probant, mêlant l’émotion et l’humour, la dérision et la tendresse et s’il déclare qu’avec ce film, il est passé du statut de professionnel à celui d’amateur, le plaisir qui surgit des images, leur puissance dit tout le contraire.

«  Le feu sacré  » est un film à part entière, une œuvre d’importance dans ce qu’elle montre, dans la façon dont elle le montre et dans la passion qui accompagne chaque moment.

Par quel miracle, Arthur Joffé, avec des brins de vie, quelques moments qui semblent lui être revenus, quelques visages, quelques dialogues glanés ici et là ou surgis de la mémoire, réussit un « bouquet » cinématographique flamboyant.

Nous n’avons plus qu’à attendre, après cet opus prometteur que le cinéaste trouve un financement pour réaliser un des nombreux scénarii qu’il a écrits et qui sont toujours en attente.

Francis Dubois


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