Parce que son ex compagnon, occupé avec sa nouvelle maîtresse, ne peut s’occuper de leur fille ce jour-là comme convenu, Anna va passer un moment avec Lou aux Buttes-Chaumont.
Mais l’adolescente s’ennuie et à la suite d’une brève dispute, quitte le banc où elle et sa mère se tenaient assises.
Un appel téléphonique annonce presqu’aussitôt à Anna que sa fille vient d’être kidnappée et qu’elle va devoir se soumettre rigoureusement aux consignes données par la voix anonyme, faute de quoi l’adolescente mourra au bout d’une heure.
Anna a donc une heure devant elle pour sauver sa fille.
Elle devra pour cela, se débarrasser du gardien du parc, respecter le tracé d’un itinéraire rigoureux, parvenir jusqu’à la cible sur laquelle elle devra tirer avec un revolver qu’elle aura trouvé dans un sac au pied d’un arbre qui lui aura été indiqué.
Bruno Mercier est un autodidacte qui a réalisé son premier film à cinquante ans. Il est son propre producteur et s’entoure de comédiens et techniciens qui acceptent de le suivre dans ses expériences
soumises à des règles de tournage inhabituelles.
« Paranoïa Park » a été tourné en une journée (six heures au total) dans un décor quasi unique, le parc des Buttes-Chaumont.
Le résultat est une « curiosité », une réalisation plutôt maladroite mais qui, compte tenu des conditions de tournage, prend l’allure d’un véritable tour de force.
Certes, le « thriller » souffre d’une surabondance de texte (un dialogue ininterrompu entre Anna et le psychopathe) qui finit par porter préjudice à la force du suspens annoncé.
Mais il est certain que dans les mêmes circonstances de tournage, avec un scénario un peu plus maîtrisé, une direction d’acteurs un peu plus rigoureuse (il n’y a eu qu’une ou deux prises de chaque plan), le film de Bruno Mercier aurait pu atteindre pleinement son but.
Dans le dossier de presse, il est stipulé que « Paranoïa Park » a participé à de nombreux festivals aux États-Unis, en Inde, en Italie ou au Mexique et qu’il y a obtenu des récompenses.
Cette notoriété permettra sans doute au réalisateur qui a de nombreux projets, dont une trilogie de thrillers, de travailler dans des conditions moins précipitées qui lui donneront l’occasion de déboucher sur des films plus aboutis.
On peut aller voir « Paranoïa Park » comme le fruit d’un défi, une œuvre à part, une curiosité de cinéma.
Francis Dubois
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